Le Franc-maçon et le Monde

Publié le par Gippeh


La question au grade d’apprenti sur laquelle a travaillé la loge et qui a fait l’objet de cette synthèse est la suivante : « Comment rendre plus féconde l’action de chaque F :.M :. Dans un monde profane où plus la mondialisation s’impose, plus les différences culturelles s’affirment, plus les identités et les peuples veulent être respectés. »




V :.M :.et vous tous mes frères en vos grades et qualités ;

 

La question au grade d’apprenti sur laquelle a travaillé la loge et qui a fait l’objet de cette synthèse est la suivante : « Comment rendre plus féconde l’action de chaque F :.M :. Dans un monde profane où plus la mondialisation s’impose, plus les différences culturelles s’affirment, plus les identités et les peuples veulent être respectés. »

 

Après une brève introduction, qui vous présentera les réactions globales qu’a suscitée cette question, nous aborderons ce thème en trois temps. Tout d’abord, nous examinerons l’opposition entre mondialisation et identité culturelle. Ensuite, nous nous interrogerons sur la responsabilité d’action de la F :.M :.. Enfin, nous essaierons de voir quelles perspectives nous ouvre l’étude de cette question.

 

Cette question est contemporaine car, pour grand nombre d’entre nous, le concept de mondialisation est relativement récent et se manifeste souvent par sa modernité : nouvelles technologies numériques, internet, nouvelle économie. Elle est également hors du temps car elle nous renvoie à des interrogations éternelles lorsqu’elle nous demande de réfléchir à l’évolution permanente aussi bien qu’à la façon de rendre plus féconde notre action. Enfin, quand on considère le nombre d’interrogations qu’a elle même soulevée cette question, on peut imaginer que comme pour bon nombre de questions, la réponse est à rechercher dans sa formulation.

 

 


1           La mondialisation s’oppose à l’identité culturelle.

Essayons tout d’abord de comprendre comment la mondialisation est ressentie par les peuples. Elle apparaît comme un phénomène diffus, inéluctable, sur lequel on a peu ou pas de prise et que l’on subit donc. La mondialisation inquiète. Elle inquiète par son gigantisme, elle inquiète par sa propension à globaliser, elle inquiète également par le sentiment d’impuissance qu’elle provoque en chaque individu. Il est ici important d’ouvrir une parenthèse pour faire une distinction entre universalisme et mondialisation, car les deux sont souvent évoqués. Ce n’est pas de l’homme universel, porteur de vertus et de qualités idéales vers lequel nous pourrions ou devrions tous tendre, dont il est question ici, mais bien de la mondialisation en tant que vecteur de propagation d’une forme de pensée unique qui aurait vocation à uniformiser les rapports humains dans tous les domaines. D’une certaine façon, on pourrait presque dire que la mondialisation constitue un mythe moderne. En effet, comme dans la plupart des mythes, le récit de la mondialisation que l’on peut entendre chaque jour raconte l’histoire d’une naissance, celle d’un monde global qu’il nous est parfois difficile d’appréhender.

 

Cette mondialisation, qui s’impose avec ses bienfaits et ses méfaits à quelque niveau que ce soit, social, économique, environnemental, a un double effet. Tout d’abord, elle favorise l’émergence d’identités culturelles différentes. Ensuite, elle accentue la cohabitation entre ces identités culturelles différentes et une identité collective (ou nationale) nécessaire pour vivre ensemble. Ceci conduit à une situation où l’identité citoyenne est de plus en plus concurrencée par les communautarismes et pose donc, entre autres, la question de l’intégration. Cette question, par l’ampleur des débats qu’elle a soulevé, mérite d’ailleurs qu’on s’y arrête un instant. En effet, on constate lors des débats que la question à l’étude dérive assez souvent sur un constat d’échec, voire d’impuissance, sur des sujets centraux pour la F :.M :. tels que la citoyenneté, l’éducation, la laïcité, la mixité sociale. Plutôt que de réfléchir à chacun de ces sujets de façon séparée, il pourrait être bon de s’interroger sur les causes de ce malaise que chacun de nous ressent.

 

2           Quelle est la responsabilité d’action des F :.M :. ?

 

Il apparaît clairement que cette question que nous avons étudiée, en opposant mondialisation et identité culturelle dans sa seconde partie, renvoie à des interrogations chères à la F :.M :..Il en est de même dans sa première partie où elle renvoie à cette autre question intemporelle qui est celle de l’utilité de la F :.M :. et de son rapport avec le monde profane.

 

Si il n’existe pas de réponse absolue, un certain nombre d’éléments doit être rappelé. Face à un monde profane plein de certitudes, la F :.M :. est avant tout un lieu de doutes, d’échanges où des hommes et des femmes essaient de réfléchir à ce que doit être demain l’avenir de l’humanité, puis s’engagent dans la vie profane grâce à leurs convictions. La F :.M :. ne s’extériorise pas, elle laisse des F :.M :. s’extérioriser par leur engagement personnel. Elle est également un lieu où l’on apprend à écouter les autres, ce qui entraîne le respect des différences.

 

Alors, face à cet environnement mouvant parfois comparé à une séisme, quelles actions respectueuses de ces valeurs doit mener le F :.M :. ? Face à son caractère inéluctable, sans sombrer dans la résignation, la question n’apparaît plus tellement de savoir s’il faut lutter contre la mondialisation ou au contraire l’accompagner mais plutôt comment doit s’adapter la F :.M :. afin de continuer à défendre des valeurs éternelles tout en restant en prise avec son époque. Cette nouvelle interrogation appelle quelques réflexions et quelques mises en perspective.

 

3           Quelles perspectives nous ouvre l’étude de cette question ?

 

Tout d’abord, et c’est quelque part rassurant, les grands changements en cours viennent nous rappeler toute l’importance et toute l’actualité des valeurs de la F :.M :. La montée des communautarismes, la faillite de notre système éducatif, l’échec de notre modèle d’intégration qui s’est longtemps limité à l’école et au service militaire, tout cela remet en cause un modèle social et républicain qui apparaît dépassé. Cela ne remet nullement en cause les valeurs de la F :.M :. que celle-ci doit promouvoir, mais en les remettant en perspective dans un monde en plein changement.

 

Parmi les pistes souvent avancées afin de rendre cette action plus féconde, celle qui revient régulièrement est celle de la F :.M :. vue comme un laboratoire d’idées que le politique reprendrait à son compte pour les mettre en œuvre. Un bon exemple de ce type d’action est la mise en place d’un code du travail international. Il semble également important de réfléchir à notre modèle d’intégration national mis à mal et de rechercher des réponses institutionnelles adaptées et efficaces.

 

Un prolongement de cette piste, lui aussi souvent évoqué, est celui d’un engagement personnel fort. Il est parfaitement illustré par le proverbe « celui qui s’instruit sans agir est comme celui qui sème sans récolter ». Qu’il s’agisse de s’engager dans le milieu associatif ou encore de travailler sur de nouvelles formes d’échange, en inventant ou en développant des modèles comme le commerce équitable, cette voie apparaît susceptible de raviver l’action des F :. M :.

 

 

En conclusion, il est bien évident que face à une question telle que celle-ci, il serait bien difficile, et certainement vain, de vouloir donner une réponse simple. Cette question nous interpelle collectivement et nous renvoie directement à la question de l’adaptation du F :.M :. face à un monde en pleine mutation. Enfin, nous ne pouvons pas conclure sans citer ces extraits des articles I et II de notre constitution.

 

Extrait de l’article I : « La F :.M :….travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. »

 

Extrait de l’article II : « La F :.M :. a pour devoir d’étendre à tous les membres de l’humanité les liens fraternels qui unissent les F :.M :. sur toute la surface du globe. »

 

J’ai dit V :.M :.

Publié dans Planches

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